PRESENTATION
N’entrons pas dans la biographie. Juste le dépouillement de se heurter au monde de Sui Lin LEUNG, car c’en est un : cultures, parcours, fétiches, les signes sont partout où la reconnaitre. Et les échos faciles.
Monde qui n’abdique pas, qui se débat dans des contorsions suaves (Figure Libre) ou bien la volupté de ses étirements (Destruction ?) ; qui laisse percer une pulsation, à travers la peau (Rythme jazz). L’écrasant tente encore un pas et l’inerte n’a pas dit son dernier souffle (Chambre à air) ; de l’isolé naissent des liens (Ylaspir). La Ville ? Champignon, littéralement. Les îles prolifèrent comme des mangroves. Un sans-titre germe, un autre dresse ses antennes. La concrétion/contraction (Origine) fait son travail de gésine : elle expulse un recommencement. Devant, l’Observateur sort de sa gangue. Autour, Les déesses, bouffies de fécondité.
Monde qui s’arrache à lui-même de quoi se poursuivre, qui se risque à un ailleurs, par ses Installations : le Boulier et ses inépuisables combinaisons ; la « pluie giboyeuse » des Parasols.
Ici, la couleur rouge : engrenage d’une pensée, fluidité d’un sang.
Modesto Canta
Pour qui a eu la chance de voir Sui Lin à l’œuvre, son travail lui ressemble : c’est un jaillissement !
D’abord de vitalité : il évoque la vigueur d’une cascade, sa rapidité et sa détermination. Un jaillissement évoqué aussi par le foisonnement d’idées qui s’exprime au fil de son travail : la diversité des univers auxquels le spectateur est convié, ne laisse pas d’être aussi étonnante, qu’enrichissante.
Ici c’est un corps de femme : une déesse mais qu’elle répète – sorte de « copié-collé »- en 5 couleurs distinctes. Clin d’œil ironique à notre société de reproduction et de consommation ?
Là, c’est par l’utilisation d’un simple fil de fer-matériau paradoxal, s’il en est– qu’elle donne présence à cet homme assis, au repos…
Ici encore c’est une composition faite à partir de métaux et de bois, aux couleurs et aux lignes contrastées, qui forme un ensemble dont l’équilibre devient « esthétique pure .
Et là encore, c’est par l’épurement des formes, la sobriété des couleurs et des matériaux que s’expriment à la fois son regard de mère -et son talent de sculpteur- et qu’elle parvient aussi à nous communiquer l’amour que porte l’un des ses enfants à la musique…
Dans ses dernières sculptures, son langage semble obéir à une règle de composition plus rigoureuse et s’articule autour de formes géométriques, lesquelles courent et se chevauchent dans un entrecroisement de plans, de lignes et de volumes où le blanc se décline en nuances variées, selon la lumière et au gré de la matière et de l’inclinaison des formes, et où ce mystérieux « équilibre » que d’aucuns appellent « esthétique » est atteint…
Une déclinaison de volumes en cascade blanche sur laquelle vient contraster, ça et là, la couleur vive d’un matériau synthétique inattendu, issu souvent du détournement d’un objet utilitaire contemporain … car rien n’est mis de côté dans le travail de Sui Lin, nous sommes de plein pied avec elle, devant le reflet du monde qu’elle propose à notre regard, et qui touche « juste », bien au-delà des mots !
Mouvement, épuration des formes, et utilisation de matériaux contemporains (où les blancs dominent) s’allient, et composent une sorte de rythme singulier dont le « solfège » fascine et nous entraîne sur un chemin de découvertes … un chemin riche en expériences où on ne s’ennuie jamais et qui peut aussi prêter à la réflexion, à la méditation.
Lorraine Démogé Bonaglia